Alexandre III, le tsar des neiges
J'ai lu récemment, à la mémoire de feu Henri Troyat qui m'a fait découvrir de larges pans de l'histoire russe par le truchement de ses monarques, sa biographie d'Alexandre III. Merci Henri. Je suis un de ceux qui te garderont en mémoire.
L'ordre successoral ne prédestinait pas le grand-duc Alexandre Alexandrovitch à devenir tsarévitch puisque ce rôle échu (en 1855) plutôt à Nicolas, son aîné d'un an et demi. Le tempérament d'Alexandre, plutôt ombrageux et rustre, fait qu'il n'est que trop heureux de jouer un rôle de second plan. "Ses rares camarades de jeux le surnomment Mops (le petit dogue), ou Bytchok (le taurillon) à cause de son naturel peu amène" (p.9)
Contrairement à Alexandre, de constitution robuste, Nicolas était de santé fragile et le (premier) tsarévitch est emporté, jeune (1865), par une "crise foudroyante de méningite cérébro-spinale".
Avant que sa santé ne décline jusqu'au trépas, Nicolas parcourait les capitales d'Europe en compagnie de sa fiancée dont il était follement épris, la princesse Dagmar de Danemark, fille de Christian IX et de Louise, princesse de Hesse. Alexandre, lui, avait jeté son dévolu sur la douce et belle princesse Marie Mechtcherski. Or à quel destin cette idylle, passées les obsèques, est-elle promise?
"Comme il serait maladroit et indécent de renvoyer la princesse Dagmar de Danemark dans son pays après le grand espoir qu'elle a pu nourrir au moment de ses fiançailles avec Nicolas, ils [vous aurez compris qu'il s'agit des parents d'Alexandre, Alexandre II et la tsarine] décident de lui offrir, à titre de compensation, un époux à choisir parmi les autres grands-ducs encore disponibles." (p.19)
Vous avez deviné la suite, bien sûr.
"Nullement surprise par le procédé, la charmante demi-veuve danoise se prononce, sans hésiter, pour ce rustre, ce gaffeur d'Alexandre."